23/12/2018

Ronde de nuit : Samedi soir en attendant mieux


Rob Rowland - Memory Lane




Et les chats vont respecter, avec un peu d'avance et même un petit retard, la trêve des confiseurs. Arrêtons un moment la machine à coudre...




Karel Reisz - (les premières minutes de) Saturday night and Sunday morning, 1960 
"All the rest is propaganda"
Mis en ligne par Craig Doughty




...en attendant de revenir (peut-être) pour l'épiphanie.




Et de Rob Rowland, déjà.

22/12/2018

Extérieur jour : Brosch, encore


Klemens Brosch - Badesteg / Ponton de bain, 1911
Aquarelle

21/12/2018

Portrait craché : Oh Lord


Rockwell Kent - Autoportrait (It's Me O Lord), 1934
Lithographie

20/12/2018

Regarde la route : piano piano


Autoroute A9 à la hauteur de Bessan, décembre 2018
Pianiste : Jérôme Medeville
Réalisation/Images/Montage : Sylvère Petit
Musique : Laurent Fellot
Mis en ligne par Les arts buissonniers

19/12/2018

Fantômes à la rencontre : l'indice


Ill. de couverture pour Herman Pinetti,  Second sight secrets and mechanical magic, Dunham Press, Bridgeport, Connecticut, 1905
Via Nemfrog

18/12/2018

Signes et prodiges des années 30 (petite et grande histoire du gaz, #3)


Masao Horino - Exercice d'alerte au gaz, défilé de petites filles avec masques, Tokyo, 1936-1939
Via Un regard oblique






dans les photos de famille de M. Chat, ca 1930
(déjà postée par ailleurs) 













17/12/2018

L'art de la rue : Nelson et Joe


John Thomas Smith - Joseph Johnson (Black Joe), 1815
Dessin repris dans Vagabondiana, or Anecdotes of mendicant wanderers through the streets of London: with portraits of the most remarkable, drawn from the life, London, 1817




Dans Vagabondiana, Smith a documenté les mendiants et chanteurs de rue du Londres des années 1810. Ici, l'estampe représente Joseph Johnson dit Black Joe, ex-marin noir devenu infirme suite à un accident et qui, ayant seulement servi dans la marine marchande, n'avait pas droit à une retraite et ne pouvait non plus prétendre au secours paroissial, n'étant pas anglais de naissance. Pour vivre il chantait dans les rues de Londres et portait sur sa tête un modèle du HMS Nelson (1), "auquel il donnait l'apparence de voguer sur les flots en s'inclinant pour remercier ou en se penchant pour quémander à une fenêtre".

Que chantait-il ? Ce qui pouvait plaire, pas de vrais chants de marins mais des poésies populaires comme The Storm de George Alexander Stevens...


Cease, rude Boreas, blust'ring railer!
List, ye landsmen, all to me;
Messmates, hear a brother sailor
Sing the dangers of the sea;
From bounding billows first in motion,
When the distant whirlwinds rise,
To the tempest-troubled ocean,
Where the seas contend with skies.




...The British Seaman’s Praise...







...ou des chants patriotiques comme The Wooden Walls of England


On estime à 20.000 personnes la population noire du Londres de l'époque, et parmi eux probablement, nombre de marins ou d'ex-marins, même de la Royal Navy comme celui qu'on voit tendant la main en direction du tireur, dans La mort de Nelson :



Daniel Maclise - La mort de Nelson, 1859-64, Détail



...et, moins héroïsés, ceux qui tendaient aussi la main pour mendier, parmi tous les buskers (2) de Londres.



Busker joueur de saxophone, Millenium Bridge devant St Paul, Londres
Mis en ligne par hphoto











(1) Le vaisseau de Nelson était le Victory. Le HMS Nelson était un vaisseau de 120 canons, lancé en 1814.

(2) Musiciens et chanteurs de rue.

16/12/2018

Regarde la route : à l'ouest rien de nouveau (petite et grande histoire du gaz, #2)


Louis Sabattier - Notre armée noire sur la Côte d'Azur - Les troupes sénégalaises en manœuvre : " Alerte aux gaz " !
Dessin pour L'Illustration du 22 Septembre 1917



"Sous les pins, un bataillon tout entier, sur pied de guerre, avec casques, sacs, bidons, boîtes à masques, fusils-mitrailleurs, tromblons et mitrailleuses, évolue en terrain varié. Arrivés au bord de la route, le fossé figurant une tranchée, les tirailleurs se disposent à faire feu. Soudain un ordre est donné : « Alerte aux gaz ! » En un clin d'œil les masques sont tirés de leurs boîtes et assujettis sur les faces noires. Le colonel chargé de l'instruction assiste à la manœuvre. C'est un vieux colonial blessé gravement deux fois depuis le début de la campagne et qui va "y retourner" sitôt guéri... Il avise un Sénégalais qui n'a pas mis son appareil, va à lui et lui demande pourquoi : — « Moi y en a pas content mettre ça sur mon tête », reprend le nègre. 
 «  Oui, mais, explique le colonel, si toi y en a pas mettre ça sur ton tête, toi y en a mort ! »  «  Y a bon », dit l'autre, et docilement, quoique avec répugnance, il s'emprisonne le museau dans le grotesque sac dont tous ses compagnons sont déjà affublés."





Les masques dessinés par Sabattier semblent être des masques de modèles LTN/TNH, fournis à partir du printemps 1916. Voir à ce sujet cet excellent site consacré à la guerre des gaz en 1914-1918.

On y apprendra (entre autres) que si la date généralement retenue pour une première utilisation des gaz de combat est celle de la seconde bataille d'Ypres - le lâcher de chlore par l'armée allemande le 22 avril 1915 - c'est l'armée française qui fut la première à utiliser en 1914 des projectiles et des grenades au bromacétate d'éthyle.



Grenade suffocante de l'armée française, modèle 1914



Le bromacétate d'éthyle (auquel ont succédés les gaz CN et CS utilisés aujourd'hui) c'est tout bonnement le lacrymogène - celui qui est interdit en tant qu'arme de guerre par la Convention internationale sur les armes chimiques, mais autorisé par la même Convention, dans son article 9 paragraphe d, pour





Autrement dit, vous ne pouvez pas utiliser la fameuse grenade GLI-F4, par exemple, contre ces gens-ci :



Un groupe de Marines posant devant un insigne identifié par les services de communication de l'armée états-unienne comme celui de l'unité "Sniper Scout", Septembre 2010


mais vous pouvez l'utiliser contre ces gens-là :



Manifestation parisienne, 24 novembre 2018



Bien. Mais revenons à notre bataillon de tirailleurs sénégalais. Pourquoi la Côte d'Azur, direz-vous ? Eh bien parce que les quelque 200.000 soldats d'Afrique Occidentale Française qui furent levés pour la première mondiale transitèrent en grande partie, à partir de 1916,  par le camp de Fréjus-Saint-Raphaël, vous savez, celui de Prévert


Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d’une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaires
avec une vieille boîte à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet

Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Jacques Prévert - Etranges étrangers, in Grand Bal du Printemps, 1951



et celui dont Lucie Cousturier parle dans Des inconnus chez moi, dont je recommande, s'agissant de ce fameux Moi y en a..., la lecture des pages suivantes :


  
Lucie Cousturier - Des inconnus chez moi, 1920
ch.VIII, Le portrait de la lune




A propos des larmes artificielles, autorisées ou non, on peut se documenter ici ou .

Et de Sabattier déjà, ici et .

15/12/2018

La vie privée des choses : Bang (petite et grande histoire du gaz, #1)

Jim Peppler - Une bombe lacrymogène vide dans l'herbe pendant une manifestation pour les droits civiques, Greensboro, Alabama, 1965
Alabama Department of Archives and History





La photo fait partie de l'exposition I am a man au Pavillon populaire de Montpellier. On peut voir ici comment ces bombes étaient utilisées, précisément à Greensboro, et là les autres photos de Jim Peppler. Toute ressemblance avec des événements récents serait évidemment à mettre au compte du hasard (objectif).





Et pendant ce temps-là...



25/11/2018

Les chats sont au lapin


Maurice de Vlaminck - Au lapin costaud
Huile sur toile




Les chats sont repartis, pas loin de chez Vlaminck, ou, plus précisément...





Maurice de Vlaminck - La route de Brezolles
Lithographie




..de là où il a fini.




Maurice de Vlaminck - Une nuit en hiver




Mais rassurez-vous...




Maurice de Vlaminck - Nature morte au journal et à la bouteille




Les chats reviendront, vers la mi-décembre. Restez au chaud, prenez garde aux averses.






Maurice de Vlaminck - Après la pluie




24/11/2018

Les occupations solitaires : essuyer la poussière du temps


Christen Købke - Vue de la collection des moulages du palais de Charlottenbourg, 1830






23/11/2018

Tableaux parisiens : Mabel Dwight ou un apprentissage


Mabel Dwight - Paris sketches (Paris types), 1927
Lithographie



Elle a cinquante-deux ans, elle vient de New York. Elle a décidé d'apprendre la lithographie. A l'époque, la litho artistique cela s'apprend à Paris, dans les ateliers d'Edmond Desjobert ou d'Edouard Duchâtel, l'auteur du Manuel






Pour elle, ce sera Duchatel. Elle travaille dans sa chambre - une pension à l'hôtel de Londres, 3 rue Bonaparte...





...ou chez Duchâtel. Elle rate sa première pierre, évidemment. 


Madame (Mme Duchâtel) fit la moue et l'imprimeur roula de gros yeux... Ils virent que ma naïveté lithographique était chimiquement pure, mais de toute façon je payais pour les pierres que je gâchais... (1)


Elle s'obstine. Elle se promène en solitaire, déjà demi-sourde, parlant mal le français. Regarde les vitrines. Dessine dans la rue. Reporte ses dessins sur papier transfert. Apprend les bases du métier, toujours dans le manuel.


Un peu plus tard, (l'imprimeur) me donna ma première leçon et (Mme Duchâtel) me montra un livre écrit par son mari ...






...sur la technique de la lithographie. Après l'avoir lu en entier j'éprouvais tant de respect  pour une pierre lithographique que j'avais peur de respirer trop profondément en la maniant (2).



Elle en réussit finalement une...



Mabel Dwight - Show Window - Male Pulchritude in Paris / Vitrine - Mâle beauté à Paris, 1927
Lithographie



...où elle se met elle-même en scène, ironiquement, en modeste observatrice des splendeurs parisiennes. Notez qu'elle est en phase avec la grande mode des vitrines tout en restant parfaitement hermétique à l'avant-gardisme - pour elle les modèles resteront Daumier, Forain, les classiques. 

Paris Sketches sera peut-être sa quatrième pierre réussie, toujours en papier transfert (3). Elle réalise seize lithos en tout durant son séjour parisien. 

Et elle trouve son style. Reprend le bateau à la fin de l'année 1927. Une fois retournée à New York, ose enfin dessiner directement sur la pierre. Produit dix-huit gravures et les expose l'année suivante. Son regard et sa main seront, jusqu'à sa mort en 1955, parmi les plus vifs de sa génération.




Et, à propos de Dwight, déjà.



(1) Mabel Dwight dans son Autobiographie non publiée, pp. 92-93, citée par Susan Barnes Robinson & John Pirog, Mabel Dwight, a Catalogue Raisonné of the Lithographs, Smithsonian Institution Press, 1997. L'autobiographie de Dwight est conservée à l'université de Pennsylvanie à Philadelphie.

(2) Autobiographie, p. 93.

(3) N°4 sur le catalogue de Robinson & Pirog.







22/11/2018

Ciel... Brosch, encore


Klemens Brosch - Das Krokodil auf der Mondscheibe / Le crocodile sur la Lune



21/11/2018

Duos : Fenniak, encore


Paul Fenniak - Encounter / Rencontre, 2008-09
Huile sur toile

20/11/2018

Deux coups d'œil sur l'année 16


Max Oppenheimer - The World War, 1916
Huile sur toile
Museum of Modern Art, New York





Klemens Brosch - Der letzte Augenblick / Le dernier instant, 1916



En 1916, Max Oppenheimer, autrichien d'origine, est en Suisse où il échappe à la guerre, avec ses amis dadaïstes (1), aux alentours du Cabaret Voltaire.

Klemens Brosch, autrichien lui aussi, était malade des poumons (et peut-être tuberculeux ?). A ce titre, il était en principe exempté de service militaire... ce qui ne l'empêcha pas de passer 150 jours sur le front de Galicie. Ses dessins de l'époque en témoignent.

Oppenheimer, classé artiste dégénéré, repartira pour la Suisse en 1938 - puis pour les Etats-Unis où il mourra en 1954, pauvre, amer et isolé au milieu de la vague de l'expressionnisme abstrait.

Brosch quant à lui, soignant sa maladie à la morphine (2), devient dépendant, ne parvient pas à se désintoxiquer et met fin à ses jours en 1926.

Deux artistes aussi différents que difficiles à classer - l'un cosmopolite, naviguant rapidement, aisément, entre les avant-gardes successives, l'autre resté fidèle à sa manière et ancré à Linz jusqu'à en mourir. Deux hommes qui ont pu se frôler sur un quai de gare, comme se croisent ou s'ignorent des regards - l'un acéré mais comme à ras de terre, l'autre bien plus sophistiqué (3), distancié et même, parfois, multidirectionnel.




(1) Oppenheimer était aussi, juste avant la guerre, des proches d'Erich Mühsam. Par la suite il s'éloignera vite de Dada.

(2) C'était alors, et c'est toujours parfois un moyen de traitement des maladies pulmonaires.

(3) Max Oppenheimer, dit MOPP, fut un des grands portraitistes de l'Allemagne en son temps (voyez ici, par exemple).

19/11/2018

Ronde de nuit : sans les locomotives


Rob Rowland - Weekday Cross, Nottingham. Moonlight Walk Down Middle Hill
Via The Neon Wilderness




Rob Rowland peint des locomotives. Et aussi des enseignes de pub. Et Weekday Cross, c'était l'embranchement du Great Central et du Great Northern Railway, au temps où...





The Flying Scotsman (Castleton Knight, 1929)
Mis en ligne par Alrxander Wylie



...passait là. Maintenant, c'est une ligne de tram.

18/11/2018

17/11/2018

L'art de la fenêtre : automne - hiver


Klemens Brosch - Sonate d'automne, 1920






Léon de Smet - Ma fenêtre en hiver, 1940

16/11/2018

Les vacances du bestiaire : Samuli Heimonen


Samuli  Heimonen - Pelle, 2015
Acrylique & huile sur toile
Via Galleria Heino

15/11/2018

Portrait craché : Kirchner


Ernst Ludwig Kirchner - Autoportrait, 1931
Huile sur toile







Et pendant ce temps-là...