30/07/2013

Louons maintenant les modèles : Edward Wolfe


Edward Wolfe - P.C. 77, ca 1927
Tate, Via Peira



Un soir de ces années-là, Edward Wolfe avait oublié ses clefs et essayait de forcer sa propre porte - ce qui alarma le bobby qui faisait sa ronde dans Pimlico. Ils sympathisèrent et, de fil en aiguille, il en résulta ce portrait mis en scène dans l'atelier du peintre.

21/07/2013

Célébrations : rayé au milieu


Daniel Théron, dit Dashiell Hedayat, dit Jack-Alain Léger - Long song for Zelda, 1971
Mis en ligne par madkrull



On ouvre le journal, on allume la radio, on clique par ci-par là, et voici qu'elle vous cligne de l'œil...

Monsieur Chat - La faucheuse...

Madame Chat - La camarde...

(il y a presque cinquante ans de cela, le plus gai et le plus triste d'entre nous, celui qui ne jurait que par Lacan et Dada quand nous nous morfondions dans Althusser, qui arrivait à dessaler les plus harengs-saurs de nos professeurs, cet éclat de mica dans nos tristes thurnes - et qui a vécu neuf vies et demi sur l'extrême bord de ma génération, ce garçon qui avait en lui  plus de vie que quarante nous autres - vient de quitter Paris par sa fenêtre, un 17 juillet.)

Madame Chat - Les rangs s'éclaircissent...

Monsieur Chat - ...et se remplissent à la fois. Car ceux que nous avions oubliés et perdus...

Madame Chat - de longue-vue ?...

Monsieur Chat - ...oblitérés, forclos, mis au compte des désaccords, fondus dans la grisaille - se rappellent à nous ainsi, par leur fenêtre enfonçant la porte des regrets, en rouge inscrits infiniment au débit de nos comptes


je suis à la fenêtre
toi tu es dans la baignoire
tes pieds dépassent
je peux les voir dans la glace de l'armoire

il y a ce disque idiot
qui est rayé au milieu
et les tarots, que je te tire sur ton châle en camaïeux

il y a l'odeur d'encens
et les bougies ont fondu
tout est si vague
le fil des pensées s'est perdu

je ne sais même plus si je pense
je ne sais même plus si je pense

il y une fille que j'aimais
à la fin de la nuit
j'étais à contempler les novas
et les anneaux de saturne
je veux dire
j'étais mon jean vide et mon blouson
qui flottait à un bâton d'os
les os friables de la came
j'étais le singe du travelo
tu te souviens? ....Baldwin
j'étais le singe du travelo
oui j'étais vraiment lui
le cul rose sur le rebord du caniveau

le singe du travelo
et ses petits doigts noir
tu sais qui caressait mon cul comme une plaie ouverte
mon nez je veux dire
mon nez ou s'engouffraient les autos
comme dans un tunnel
mes narines !
avec leur tuyau d'échappement
des nuages d'héroïne
et le cheval vapeur
horse power, horse power

à écouter un vieux jazz
devant un vieux bar
avec du papier de soie coltrée
je veux dire tu vas dans les chiottes ou quelque chose comme ça
et moi, le cul dans le caniveau
et le flottement, indécis
d'un drapeau de trottoir
dont j'étais la hampe
et les étoiles qui tournaient partout
tout autour de ma tête
ma cervelle de came
mes os friables
qui un jour disparaitraient aussi
dans l'eau du caniveau
avec mon reflet
avec mon nez
mon nez brûlé reflété..

je suis celui qui a vu un bulldog débouler
et qui bringuebalait tous les immeubles de la rue de l'angle derrière lui
a l'est de ses traineaux
que tu es beau bulldog!!!
que j'aime ta robe rouquine
wouaw wouaw wah
il a levé sa pine bleue pour pisser
combien je t'aime
et au bout de la laisse, Zelda
un peu vieux me fait-elle
votre procédé
détrompez-vous
c'est toujours efficace avec un chien
ce n'est pas a vous que ce compliment était adressé
vous l'avez cru parce que vous êtes rousse, aussi
c'est pour votre chien que mon cœur bat!
heh je veux dire, je disais ça comme ça
wouaw wouaw wouaw
les chiens wouaw !
les chiens wouaw dans la nuit!
la nuit wouaw!
les chiens wouaw
et toi!? et toi wouaw!

le jour alors se lève
I love you Zelda!
I love you Zelda!
je chantais
je chantais avec le soleil
Zelda!

je suis à la fenêtre
toi tu es dans la baignoire
tes pieds dépassent
je peux les voir dans la glace de l'armoire