28/10/2009

Ciel... Cotman

John Sell Cotman - St Benet's Abbey, 1831

25/10/2009

Ronde de nuit : Landeck

Armin Landeck - Manhattan nocturne, 1938, pointe sèche

La période qui va de 1938 à 1950 est la grande période créatrice de Landeck, celle des paysages urbains vides. En 38 il habite Greenwich Village au coin de 8th Street et University Place. La banque Manufacturers Trust donnait sur University Place, et la planche montre ce que voyait Landeck depuis sa fenêtre. Cette année-là il avait été désigné pour produire la gravure annuelle de présentation de la Society of American Etchers. Ce fut Manhattan nocturne, qui souleva un tollé parmi les sociétaires : le sujet n'était pas assez noble à leurs yeux. John Taylor Arms, le président, dut envoyer aux membres une lettre de deux pages pour le défendre.

16/10/2009

Le bar du coin : Tooker

George Tooker - Lunch counter


Quand Tooker peint ce tableau en 1964, les événements auxquels il se rapporte sont connus de tout citoyen des Etats-Unis. Quatre ans plus tôt, le 1er février 1960, Ezell Blair Jr., Franklin McCain, Joseph McNeil et David Richmond, étudiants au North Carolina Agricultural and Technical College de Greensboro (Caroline du Nord) entrent dans un de ces cafés-restaurants que les Etats-uniens nomment lunch counter, situé dans le magasin Woolworth's.

Blair demande un café, la serveuse lui répond "désolée, on ne sert pas les noirs" mais les quatre hommes refusent de partir. C.L. Harris, le gérant, s'adresse au plus proche poste de police et le chief Paul Calhoun lui répond qu'il ne peut rien faire tant qu'une plainte n'a pas été déposée. Courageux mais pas téméraire, Harris n'ira pas jusque là. A la fermeture les quatre hommes quittent le café en promettant de revenir avec le reste du Collège.



Une partie du Lunch counter du Woolsworth's de Greensboro,
conservée au Smithsonian Institution National Museum of American History
Photo Wikimedia Commons

Le lendemain 2 février à 10h trente-et-un étudiants noirs se présentent à Woolworth's et y restent jusqu'à midi et demie, entourés de journalistes. La serveuse les ignore. Le 3 février au matin ils sont soixante-trois, des blancs en colère commencent à les insulter.

Le jeudi 4, les participants au sit-in trouvent tous les sièges occupés par des blancs - ils se rendent alors dans un autre lunch counter tout proche, Kress's, également whites only. Le vendredi 5, la confrontation s'étend à de nombreux cafés de Greensboro, le samedi des centaines de personnes y participent de part et d'autre et Woolworth's est évacué suite à une alerte à la bombe.

Très vite les lunch counters sit-ins s'étendent à
Nashville, Chattanooga, Richmond... et tout le Sud des Etats-Unis. Quand les magasins de Greensboro acceptent de négocier avec les étudiants noirs et la municipalité, cette dernière propose l'intégration des lunch counters avec maintien d'une petite section whites only. Les magasins refusent et les sit-ins reprennent en avril. Les gérants finissent par fermer et cadenasser leurs magasins et le 21 avril les étudiants noirs pénètrent de force dans le café Kress's fermé. Quarante-huit d'entre eux sont arrêtés puis libérés. Ils continuent à défiler sur les trottoirs devant les cafés jusqu'au mois de juillet.



Incidents entre racistes blancs et participants aux Lunch counter sit-ins, à Nashville, Tennessee
Photo : Vic Cooley, Nashville Banner


Le 25 juillet le lunch counter du Woolworth's de Greensboro est ouvert aux noirs. Kress's suit le même jour. A partir de cette date, les autres établissements du Sud prennent progressivement les mêmes mesures.



Monument February One, Greensboro
Photo Wikimedia Commons

Aujourd'hui, devant la North Carolina A&T University, s'élèvent les statues de bronze des Greensboro Four, un des rares monuments au monde érigé en l'honneur des clients d'un bar.

On définit souvent Tooker comme le peintre de l'aliénation et de la foule solitaire, en s'appuyant sur ses peintures "sociales" les plus connues comme Waiting ou Government Bureau. En fait son travail est plus complexe, reprenant les schémas figuratifs classiques - souvent à partir des vieux maîtres du Quattrocento - avec un arrière-plan autant religieux que social. Et pour revenir à Lunch counter, même si Tooker ne s'est officiellement converti au catholicisme qu'après la mort en 1973 de son compagnon le peintre William Christopher, comment ne pas remarquer l'atmosphère sacramentelle qui se dégage de ce tableau : les yeux baissés, le pain partagé par les personnages dont on aura noté qu'ils sont au nombre de douze comme les apôtres - en comptant celui dont seule une partie du crâne dépasse du pilier. Parmi eux, le seul à être vu entièrement de face est le client noir vers lequel converge toute la construction de ce qui n'est pas une Cène - puisque y manque un Christ - mais à proprement parler une communion.

Communion ambigüe toutefois, puisque chacun des clients est d'autant plus isolé des autres qu'il leur ressemble et qu'il accomplit le même rituel. Parabole de l'intégration donc, où ce qui a été gagné n'est que l'égalité abstraite dans un monde indifférent.





Brillez, lanternes de papier : Tooker



George Tooker - In the Summerhouse, 1958

12/10/2009

Ronde de nuit : Lewis / Blind Willie Johnson

Martin Lewis - Relics, speakeasy corner, 1928




Blind Willie Johnson - Dark was the night, cold was the ground
Mis en ligne par jovauri

09/10/2009

Le bar du coin : Wiles

Irving R. Wiles - The loiterers, 1887

08/10/2009

Portrait craché : Orpen

Willliam Orpen - Portrait of Miss Simpson

02/10/2009

01/10/2009

Ronde de nuit : Carel Weight

Carel Weight - Hammersmith Nights, circa 1942