31/08/2009

Le greffe : Weir

Julian Alden Weir - Little Lizzie Lynch, ca 1910

28/08/2009

Le vendredi c'est Hasui : La jetée

Kawase Hasui - Otaru no hatoba - La jetée à Otaru, avril 1933

"C'est presque octobre dans le Hokkaido... Dans l'esprit du voyageur traîne une insupportable tristesse. Les lumières solitaires des bateaux vacillent sous les nuages qui flottent dans le soir, après une pluie légère. Voilà la scène de la jetée à Otaru; les silhouettes des voyageurs qui conversent ont quelque chose de mélancolique."
(Commentaire de son dessin par Hasui)

27/08/2009

Ayons congé : Anarchie



Paul Signac - Au temps d'anarchie, 1893

La toile, à l'origine destinée à la Maison du peuple de Bruxelles, fut refusée par un salon en raison de son titre. Signac la renomma alors "Au temps d'harmonie" ce qui ne lui posait aucun problème puisque les deux mots étaient pour lui parfaitement synonymes, s'agissant d'une représentation idéale de la communauté libre. En 1938 Marcel Cachin, père du gendre de Signac, installa le tableau à l'hôtel de ville de Montreuil où il se trouve encore.

26/08/2009

Le greffe : Election

Samuel S. Carr - Morning after Election, 1884

24/08/2009

Le greffe: Mélancolie

Michael Sowa - A summer night's melancholy

22/08/2009

Portrait craché : Subleyras

Pierre Hubert Subleyras - Portrait de Jean-Pierre Dufrêche, 1726

21/08/2009

Poésie illustrée : le hareng saur et le hareng folk



Anders Zorn - Coquelin cadet, 1889


Le Hareng saur

Criez Le Hareng saur d'une voix forte. Ne bougez pas le corps, soyez d'une immobilité absolue. En disant ce titre, il faut que le public ait le sentiment d'une ligne noire se détachant sur un fond blanc.

Il était un grand mur blanc — nu, nu, nu,

Qu'on sente le mur droit, rigide, et comme il serait ennuyeux aussi monotone que cela, rompez la monotonie : allongez le son au troisième nu, cela agrandit le mur, et en donne presque la dimension à ceux qui vous écoutent.

Contre le mur une échelle — haute, haute, haute,

Même intention et même intonation que pour la première ligne, et pour donner l'idée d'une échelle bien haute, envoyez en voix de fausset (note absolument imprévue) le dernier mot haute, ceci fera rire et vous serez en règle avec la fantaisie.

Et, par terre, un hareng saur — sec, sec, sec.

Indiquez du doigt la terre, et dites hareng saur sec avec une physionomie pauvre qui appelle l'intérêt sur ce malheureux hareng, la voix sera naturellement très sèche pour dire les trois adjectifs sec, sec, sec.

Il vient, tenant dans ses mains — sales, sales, sales,

Soutenez la voix et qu'on sente le rythme dans les autres strophes comme dans la première. Il c'est le personnage, on ne sait pas qui c'est Il. Qu'on le voie, montrez-le, cet Il qui vous émeut, vous acteur, et peignez le dégoût qu'inspire un homme qui ne se lave jamais les mains en disant sales, sales, sales.

Un marteau lourd, un grand clou — pointu, pointu, pointu,

Baissez une épaule comme si vous portiez un marteau trop lourd pour vous, et montrez le clou, en dirigeant l'index vers les spectateurs et appuyez bien sur pointu, pointu, pointu pour que le clou entre bien dans l'attention générale.

Un peloton de ficelle — gros, gros, gros.

Écartez les mains, éloignez-les des hanches par degré à chaque gros, gros, gros. Il est chargé, un marteau lourd, un grand clou pointu, et un énorme peleton, ce n'est pas peu de chose, il faut montrer cette charge sous laquelle ploie le pauvre Il.

Alors il monte à l'échelle — haute, haute, haute,

Même jeu pour les haute que précédemment, la note aiguë à la fin, cette insistance peut faire rire.

Et plante le clou pointu — toc, toc, toc,

Gestes d'un homme qui enfonce un clou avec un marteau, faire résonner les toc avec force, sans changer le son.

Tout en haut du grand mur blanc — nu, nu, nu.

Gardez le ton de voix très solide, allongez de nouveau le dernier nu, et faites un geste plat de la main pour montrer l'égalité du mur.


Il laisse aller le marteau — qui tombe, qui tombe, qui tombe,

Baissez le diapason par degré pour donner l'idée d'un marteau qui tombe. Vous regardez le public au premier qui tombe, aussi au second vous envoyez un regard par terre avant le troisième, et un autre regard au public en disant le troisième qui tombe et attendez l'effet qui doit se produire.


Attache au clou la ficelle — longue, longue, longue,

Allongez par degré le son sur longue, et que le dernier longue soit d'une longueur immense, un couac au milieu de l'intonation finale donnera un ragoût très comique au mot.

Et, au bout, le hareng saur — sec, sec, sec.

Appuyez d'un air de plus en plus piteux sur le troisième sec.

Il redescend de l'échelle — haute, haute, haute,

Même jeu que précédemment quand il monte, seulement l'inflexion des mots haute va decrescendo, le premier en voix de fausset, le second en médium, et le troisième en grave. Musical.

L'emporte avec le marteau — lourd, lourd, lourd,

Pliez sous le faix en vous en allant. Vous êtes brisé, vous n'en pouvez plus, ce marteau est très lourd, ne l'oubliez pas.

Et puis, il s'en va ailleurs — loin, loin, loin.

Graduez les loin, au troisième vous pourrez mettre votre main comme un auvent sur vos yeux pour voir Il à une distance considérable, et après l'avoir aperçu là-bas, là-bas, vous direz le dernier loin.




Et, depuis, le hareng saur — sec, sec, sec,

De plus en plus pitoyable.

Au bout de cette ficelle — longue, longue, longue,

Allongez d'un air très mélancolique la voix sur les longue, toujours avec couac ; ne craignez pas, c'est une scie.

Très lentement se balance — toujours, toujours, toujours.

Bien triste. Et geste d'escarpolette à toujours, toujours, toujours. Terminez bien en baissant la voix le troisième toujours, car le récit est fini. La dernière strophe n'est pour l'auditoire qu'un consolant post-scriptum.

J'ai composé cette histoire — simple, simple, simple,

Appuyez sur simple, pour faire dire au public : « Oh ! oui ! simple ! »

Pour mettre en fureur les gens — graves, graves, graves,

Très compassé; qu'on sente les hautes cravates blanches officielles qui n'aiment pas ce genre de plaisanterie. Ouvrez démesurément la bouche au troisième grave, comme un M. Prudhomme très offensé.

Et amuser les enfants — petits, petits, petits.

Très gentiment avec un sourire, baissez graduellement la main à chaque petits pour indiquer la hauteur et l'âge des enfants. Saluez et sortez vite.


Le Hareng saur de Charles Cros avec des conseils sur l'art de le dire, par Coquelin cadet, in : Coquelin aîné et Coquelin cadet, L'Art de dire le monologue, Paul Ollendorff, Paris, 1884.





Charles Cros - Le hareng saur, par David Gautier
Mis en ligne par dongautier




Ewan Mc Coll : The Shoals of herring - Les bancs de harengs, trad. anglais
Mis en ligne par nicdavdi


O, it was a fine and a pleasant day
Out of Yarmouth harbour I was faring
As a cabin boy on a sailing lugger
For to go and hunt the shoals of herring

O, the work was hard and the hours were long
And the treatment sure it took some bearing
There was little kindness and the kicks were many
As we hunted for the shoals of herring

O, we fished the Swarth and the Broken Bank
I was a cook and I'd a quarter-sharing
And I used to sleep, standing on me feet
And I'd dream about the shoals of herring

O, we left the home grounds in the month of June
And to canny Shiels we soon was bearing
With a hundred cran of the silver darlings
That we'd taken from the shoals of herring

Now you're up on deck, you're a fisherman
You can swear and show a manly bearing
Take your turn on watch with the other fellows
While you're searching for the shoals of herring

In the stormy seas and the living gales
Just to earn your daily bread you're daring
From the Dover Straits to the Faroe Islands
As you're following the shoals of herring

O, I earned me keep and I paid me way
And I earned the gear that I was wearing
Sailed a million miles, caught ten-million fishes
We were sailing after shoals of herring

17/08/2009

The cat's meow : un genre de bleu




So what (Kind of blue track 1) - Miles davis tp - John Coltrane ts - Bill Evans p - Paul Chambers b - James Cobb dr
Mis en ligne par Amir3793



Il y a exactement cinquante ans de cela, Kind of blue.




Kind of Blue 50th Anniversary
Mis en ligne par LegacyRecordings





The Kind of Blue sessions
Mis en ligne par
avs002

16/08/2009

Poésie illustrée : Hölderlin




Hölderlin - Requiem für einen wicht (Hölderlins Traum, 1972, track 4)
Mis en ligne par molestik


Nanny de Ruig - Vocals
Jochen Grumbkow - Flute, Cello
'Nops' Noppeney - Viola, Violin, Flute, Piano
Peter Kaseberg - Bass, Vocals
Christian Grumbkow - Guitar
Michael Bruchmann - Drums, Percussion

Hölderlins Traum est le premier album de Hölderlin, groupe Krautrock fondé à Wuppertal en 1970 en l'honneur du poète éponyme par les frères Grumbkow et la chanteuse Nanny de Ruig, dont ce fut d'ailleurs le premier et dernier disque - plus tard elle devint peintre.


Friedrich Hölderlin

13/08/2009

Société du spectacle: Sloan/Saint Aubin



Gabriel de Saint-Aubin - La parade du Boulevard, 1760




John Sloan - Movies, five cents, 1907

12/08/2009

Mike Seeger



Mike Seeger - Walking boss Mis en ligne par SmithsonianVideos

Walkin' boss
Walkin' boss
Walkin' boss
I don't belong to you

I belong
I belong
I belong
To that steel driving crew

Well I asked that boss
For a job
For a job
He said "Son, what can you do?"

I can line the jack
Drive a track
Drive a track
I can pick and shovel too

Work one day
Just one day
Just one day
Then I lay around the shanty too

Après avoir arrêté son traitement anti-cancer, Mike Seeger a définitivement quitté Lexington, Virginie vendredi dernier au soir, le 7 Août 2009. Il avait 75 ans.

Mike Seeger était le fils du musicologue et folkloriste Charles Seeger et de la compositrice Ruth Crawford qui lui avaient communiqué l'amour de la musique, le goût du folksong et le virus de la conscience politique. Devenu virtuose du banjo, de la guitare, du violon, du dulcimer et de l'harmonica, il commence dans les années 50 à collecter les chansons et les vieux 78 tours dans la région de Washington DC et Baltimore. Objecteur de conscience pendant la guerre de Corée, il effectue son service civil à la plonge dans un hôpital pour tuberculeux. En 1958, il forme avec Tom Paley et John Cohen les New Lost City Ramblers, Tracy Schwartz remplaçant en 1962 Paley parti en Angleterre.

Les NLCR furent les initiateurs d'un retour à la musique
hillbilly des origines, rompant aussi bien avec les tenants du folk politique urbain qu'avec ceux de la ballade commercialisée à l'instar du Kinsgton Trio. Surtout, les NLCR firent redécouvrir des musiciens submergés par l'oubli, les Doc Watson, Tom Ashley, Elizabeth Cotten, Roscoe Holcomb et tant d'autres qui connurent grâce à eux une seconde carrière - comme le dit un jour Tom Ashley "ma vie est comme une fleur, et aujourd'hui elle éclot pour la deuxième fois".

07/08/2009

Trois calypsos



Jamaica Johnny - Amstel beer calypso
Mis en ligne par OmeSees


Un calypso publicitaire comme il y en eut tant. Nells Liefeld, Jamaica Johnny pour la scène, s'il choisit de chanter en anglais plutôt qu'en néerlandais ou en papiamento, n'en était pas moins un musicien originaire du Surinam et actif en Hollande dans les années 60.
Depuis ce temps-là d'ailleurs il faut bien dire que les publicités Amstel ont un peu
baissé de niveau.





Sir Lancelot chante British grenadiers et la première partie de
Shame and scandal in the family, a.k.a. Fort Holland calypso song
dans I walked with a zombie de Jacques Tourneur (1943)
Mis en ligne par zombiesareamazing




Sir Lancelot chante Shame and scandal in the family
a.k.a. Fort Holland calypso song (deuxième partie)
dans I walked with a zombie de Jacques Tourneur (1943)
Mis en ligne par zombiesareamazing


Après des études secondaires à Port-of-Spain Lancelot Victor Edward Pinard étudie la médecine à New-York. C'est là qu'il devient chanteur de Calypso, au Village Vanguard, puis part dans une tournée de l'Ouest américain qu'il termine à Los Angeles. Il y entame alors une carrière d'acteur-chanteur qui durera de 1943 à 1958 - trois films avec Tourneur, et entre autres To have and have not de Hawks, Brute force de Jules Dassin. Lancelot est un chanteur de calypso hors norme pour l'époque, issu d'une famille riche, travaillant sa voix de ténor, se produisant aux USA et en Europe plutôt qu'à Trinidad, et cela dix ans avant le Calypso Craze du temps de Harry Belafonte.

I walked... est un faux film de zombie recouvrant un drame amoureux et familial, dont l'intrigue est en fait une adaptation de Jane Eyre. Mais la trame de fond du film c'est bien la guerre froide interraciale des îles, et à l'époque Tourneur ne pouvait l'aborder que métaphoriquement.

Dans cette métaphore les apparitions courtes de Lancelot jouent un rôle central. Il traverse le film en coryphée tantôt humble et tantôt menaçant, poussant la complainte cruelle de la famille Holland. A noter que Lancelot fit partie en 1948, comme Katharine Hepburn, des supporters hollywoodiens du Progressive Party d'Henry Wallace, dernier sursaut de la gauche Rooseveltienne. C'était alors le seul parti états-unien mainstream à présenter des candidats de couleur aux élections locales, et Wallace le seul candidat à refuser systématiquement de parler devant des audiences ségréguées.

Il s'agit du texte original de Shame and scandal in the family, qui décrit les relations entre les personnages du film. La version ultérieure des paroles, bien plus connue, est due à un autre calypsonian, Lord Melody. Les deux chansons sont bien différentes : la seconde est une satire de la famille éclatée Trinidadienne, la première est une malédiction.


There was a family who lived on the isle
Of Saint Sebastian a long long while
The head of the family was a Holland man
And the younger brother his name was Rand.
Ah woe, ah me
Shame and sorrow for the family
Ah woe, ah me
Shame and sorrow for the family.
The Holland man he kept in a tower
A wife as pretty as a bit white flower
She saw the brother and she stole his heart
And that’s how the badness and the trouble start.

The wife and the brother they want to go
But the Holland man, he tell them no
The wife fall down and the evil came
And it burnt her mind in the fever flame.
Ah woe, ah me
Shame and sorrow for the family
Ah woe, ah me
Shame and sorrow for the family.
Her eyes are empty and she cannot talk
And a nurse has come to make her walk
The brothers are lonely and the nurse is young
And now you must see that my song is sung.




Lord Executor - I don't know how the young men living, 1937
Mis en ligne par ooHZAoo

Un calypso "social" des années trente dont le refrain dit :

Come on open the door, give me the bottle and let me go...

Le vendredi c'est Hasui

Kawase Hasui - Pluie d'été précoce sur la rivière Arakawa, juin 1932

04/08/2009

Duos : Eastman Johnson

Jonathan Eastman Johnson - The conversation, 1879